Pour les
retardaires (et oui, toujours eux…) nous vous informons que Charles Buttner,
proviseur de notre lycée depuis 2007, quitte l’établissement à la fin de
l’année scolaire pour prendre sa retraite. Nous l’avons donc rencontré afin de
faire le point sur le bilan de sa carrière professionnelle…
-Quelle a été votre formation, votre
parcours ?
Après la classe de
troisième, j’ai suivi mes études à l’école normale d’Instituteurs, avant de
rentrer à l’Université du Creps (Centre de
Ressources, d'Expertise et de Performance Sportive). C’est ainsi que je suis devenu professeur d’EPS, et je le
suis resté pendant 13 ans. C’est en 1984 que j’ai passé le concours de chef
d’établissement, et j’ai alors pris ces fonctions au collège de Belfort, où je
suis resté pendant 3 ans. J’ai ensuite pris la direction du collège du quartier de Bourtzwiller à
Mulhouse pendant 10 ans, puis celle du lycée professionnel Bugatti d’Illzach
durant 9 ans. C’est en 2007 que je suis arrivé au lycée Blaise pascal.
-Comment
avez-vous vécu la vie de proviseur ?
J’aime mon métier. C’est un métier où tout le
monde, et plus essentiellement les jeunes, a besoin de voir, de ressentir qu’on
veille sur eux, et plus particulièrement en ce qui concerne la justice et
l’égalité. Ils ont besoin qu’on les respecte, qu’on leur garantisse une
certaine équité, et c’est un sujet auquel je suis sensibilisé. C’est d’ailleurs
ce qui m’a attiré vers ce métier : le fait de rentrer en contact avec les
gens, de sentir que je suis là, pour eux, et que l’on attend beaucoup de moi.
-On sait que vous
avez églement une carrière politique en parallèle à votre activité
professionnelle. Cette situation était-elle plutôt un avantage ou un
désaventage en tant que proviseur ?
Comme je l’ai dit, il faut aimer ce que l’on fait.
C’est pourquoi je pense pouvoir dire avoir accordé un maximum de mon temps à
mon activité professionnelle. Il y a 168 heures dans une semaine, et il faut
savoir les exploiter. De plus, ces deux activités s’enrichissent les unes des
autres. L’on y retrouve les mêmes valeurs, les mêmes démarches : dans
l’une et l’autre, il faut savoir développer des projets… Mais, je le répète, ma profession a été ma
priotité. Ce métier c’est moi, c’est mon support, mon squelette. Et c’est cette
armature qui m’a permi de me soutenir en politique : sans elle, je
n’aurais certainement pas eu cette carrière !
-Quels ont été
vos priorités ?
Dans un lycée comme celui-ci, il était essentiel de
renforcer la qualité de vivre ensemble, d’aller vers des projets qui fédèrent.
Il faut savoir faire un état des lieux : que représentons- nous en ce
moment ? Vers où voulons-nous aller ? Comment ? A partir de là,
il s’agit ensuite de fixer des objectifs bénéfiques à l’établissement et ceux
qui le fréquentent. L’image du lycée est également importante. Il faut être
conscient de l’image que l’on renvoie de celui-ci, de l’impact répercuté sur
les élèves de tous les secteurs. Blaise Pascal est un grand lycée, avec environ
1600 élèves, sans compter toute l’équipe pédagogique, la direction, tous ceux
qui les entourent. Il représente une énorme collectivité, où tout le monde se
cotoîe sans vraiment se connaître. Il règne donc un climat familial qu’il est
important de conserver : le lycée doit être vu comme une deuxième maison.
A ce niveau là, j’ai noté une évolution durant ces 7 ans.
-Justement,
quelles ont été vos plus grandes satisfactions ?
Je suis très satisfait de la lutte menée en faveur
du bac L. Il était indécent que les élèves qui ont une vocation forte, une
vocation littéraire, doivent avoir le choix entre quitter le lycée qu’ils
aiment, qu’ils ont l’habitude de fréquenter, ou de faire ce vers quoi ils
aimeraient s’engager. Il y a également eu la création d’un bac professionnel.
Ces professions ont pris l’habitude d’être perçues comme basiques, inférieures.
Seulement, je ne pense pas que l’évolution soit de faire de plus en plus de
tertiaire, au contraire. Il faut penser à la relocalisation qui est
évidente : vivre sur le territoire, avec le territoire, en fonction du territoire…
Une identité forte fondée sur la recherche du développement durable (égalité
social, économie, écologie). La vraie richesse du lycée, c’est le fait qu’il
soit un lycée polyvalent. C’est toute une fusion de milieux sociaux différents,
de valeurs diverses, et pourtant tout le monde est sur le même terrain :
plus de différences, nous sommes tous égaux.
-Quels
problèmes avez-vous rencontré ?
Ce qui se fait dans la facilité est nécessairement
banal. Créer un projets d’établissement, donner un sens à ce que l’on fait,
entraîner tout le monde… Cela représente beaucoup de travail, ça ne se fait pas
tout seul ! Je pense par exemple à la création de la filiaire littéraire
qui a été une véritable bataille… Néanmoins, je n’en parlerai pas en tant que
« difficulté ». Cette lutte, c’est le métier.
-Avez-vous
des regrets ?
Aucun.
-Le Conseil
Régional a présenté dernièrement son dernier budget. Allez-vous à présent vous
consacrer entièrement à la politique ?
Le fait de vivre une carrière politique en même temps
qu’une carrière professionnelle a été un vrai challenge pour moi. Je ne pouvais
pas me permettre d’échecs, dans l’un comme dans l’autre, car il se serait
irrévocablement répercuté. Je vais continuer ma carrière politique, mais ni
plus ni moins qu’auparavant !
Et pour finir, quelques chiffres plutôt
valorisants : rappelons que, l’année précédente, le taux de réussite au
bac était de 95%, soit plus que le niveau attendu par l’Etat. Quant au niveau
du département, le lycée se tient à la troisième place sur 26 (selon l’étude
faite l’Etudiant en avril 2014). C’est donc un bilan très positif pour notre
proviseur !