vendredi 6 juin 2014

Interview Buttner



Pour les retardaires (et oui, toujours eux…) nous vous informons que Charles Buttner, proviseur de notre lycée depuis 2007, quitte l’établissement à la fin de l’année scolaire pour prendre sa retraite. Nous l’avons donc rencontré afin de faire le point sur le bilan de sa carrière professionnelle…
-Quelle a été votre formation, votre parcours ?
Après la classe de troisième, j’ai suivi mes études à l’école normale d’Instituteurs, avant de rentrer à l’Université du Creps (Centre de Ressources, d'Expertise et de Performance
Sportive). C’est ainsi que je suis devenu professeur d’EPS, et je le suis resté pendant 13 ans. C’est en 1984 que j’ai passé le concours de chef d’établissement, et j’ai alors pris ces fonctions au collège de Belfort, où je suis resté pendant 3 ans. J’ai ensuite pris la direction du collège du quartier de Bourtzwiller à Mulhouse
pendant 10 ans, puis celle du lycée professionnel Bugatti d’Illzach durant 9 ans. C’est en 2007 que je suis arrivé au lycée Blaise pascal.
-Comment avez-vous vécu la vie de proviseur ?
J’aime mon métier. C’est un métier où tout le monde, et plus essentiellement les jeunes, a besoin de voir, de ressentir qu’on veille sur eux, et plus particulièrement en ce qui concerne la justice et l’égalité. Ils ont besoin qu’on les respecte, qu’on leur garantisse une certaine équité, et c’est un sujet auquel je suis sensibilisé. C’est d’ailleurs ce qui m’a attiré vers ce métier : le fait de rentrer en contact avec les gens, de sentir que je suis là, pour eux, et que l’on attend beaucoup de moi.
-On sait que vous avez églement une carrière politique en parallèle à votre activité professionnelle. Cette situation était-elle plutôt un avantage ou un désaventage en tant que proviseur ?
Comme je l’ai dit, il faut aimer ce que l’on fait. C’est pourquoi je pense pouvoir dire avoir accordé un maximum de mon temps à mon activité professionnelle. Il y a 168 heures dans une semaine, et il faut savoir les exploiter. De plus, ces deux activités s’enrichissent les unes des autres. L’on y retrouve les mêmes valeurs, les mêmes démarches : dans l’une et l’autre, il faut savoir développer des projets…  Mais, je le répète, ma profession a été ma priotité. Ce métier c’est moi, c’est mon support, mon squelette. Et c’est cette armature qui m’a permi de me soutenir en politique : sans elle, je n’aurais certainement pas eu cette carrière !
-Quels ont été vos priorités ?
Dans un lycée comme celui-ci, il était essentiel de renforcer la qualité de vivre ensemble, d’aller vers des projets qui fédèrent. Il faut savoir faire un état des lieux : que représentons- nous en ce moment ? Vers où voulons-nous aller ? Comment ? A partir de là, il s’agit ensuite de fixer des objectifs bénéfiques à l’établissement et ceux qui le fréquentent. L’image du lycée est également importante. Il faut être conscient de l’image que l’on renvoie de celui-ci, de l’impact répercuté sur les élèves de tous les secteurs. Blaise Pascal est un grand lycée, avec environ 1600 élèves, sans compter toute l’équipe pédagogique, la direction, tous ceux qui les entourent. Il représente une énorme collectivité, où tout le monde se cotoîe sans vraiment se connaître. Il règne donc un climat familial qu’il est important de conserver : le lycée doit être vu comme une deuxième maison. A ce niveau là, j’ai noté une évolution durant ces 7 ans.
-Justement, quelles ont été vos plus grandes satisfactions ?
Je suis très satisfait de la lutte menée en faveur du bac L. Il était indécent que les élèves qui ont une vocation forte, une vocation littéraire, doivent avoir le choix entre quitter le lycée qu’ils aiment, qu’ils ont l’habitude de fréquenter, ou de faire ce vers quoi ils aimeraient s’engager. Il y a également eu la création d’un bac professionnel. Ces professions ont pris l’habitude d’être perçues comme basiques, inférieures. Seulement, je ne pense pas que l’évolution soit de faire de plus en plus de tertiaire, au contraire. Il faut penser à la relocalisation qui est évidente : vivre sur le territoire, avec le territoire, en fonction du territoire… Une identité forte fondée sur la recherche du développement durable (égalité social, économie, écologie). La vraie richesse du lycée, c’est le fait qu’il soit un lycée polyvalent. C’est toute une fusion de milieux sociaux différents, de valeurs diverses, et pourtant tout le monde est sur le même terrain : plus de différences, nous sommes tous égaux.
-Quels problèmes avez-vous rencontré ?
Ce qui se fait dans la facilité est nécessairement banal. Créer un projets d’établissement, donner un sens à ce que l’on fait, entraîner tout le monde… Cela représente beaucoup de travail, ça ne se fait pas tout seul ! Je pense par exemple à la création de la filiaire littéraire qui a été une véritable bataille… Néanmoins, je n’en parlerai pas en tant que « difficulté ». Cette lutte, c’est le métier.
-Avez-vous des regrets ?
Aucun.
-Le Conseil Régional a présenté dernièrement son dernier budget. Allez-vous à présent vous consacrer entièrement à la politique ?
Le fait de vivre une carrière politique en même temps qu’une carrière professionnelle a été un vrai challenge pour moi. Je ne pouvais pas me permettre d’échecs, dans l’un comme dans l’autre, car il se serait irrévocablement répercuté. Je vais continuer ma carrière politique, mais ni plus ni moins qu’auparavant !

Et pour finir, quelques chiffres plutôt valorisants : rappelons que, l’année précédente, le taux de réussite au bac était de 95%, soit plus que le niveau attendu par l’Etat. Quant au niveau du département, le lycée se tient à la troisième place sur 26 (selon l’étude faite l’Etudiant en avril 2014). C’est donc un bilan très positif pour notre proviseur !


jeudi 5 juin 2014

L'Euroscepticisme, mère du populisme

C’est une vague massive et déferlante qui se réveille soudainement dans toute l’Europe. Elle gronde
depuis quelques temps déjà, dangereuse et acérée, et l’on entend déjà les remous de son éveil qu’elle
prépare. Bientôt, elle s’élèvera. Elle se redressera d’un triomphe impétueux avant de se propulser sur
le continent, de l’engloutir entièrement. Car il y a trop longtemps qu’elle est affamée de pouvoir. Elle
attend...

Cette vague a pour nom « populisme ». Et ce nom résonne déjà surtout le continent depuis des mois et des mois, tandis que l’approchedes Européennes lui donne une nouvelle intensité, une sorte de menace
angoissante qui nous encercle, nous étouffe. Car depuis les dernièresEuropéennes, les temps ont changé. Et le taux des populistes n’en est que plus élevé. Leurs idéaux se sont développés pour rassembler de
tous les pays ceux qui se laissent le plus facilement séduire. Et il n’y a qu’à se souvenir des dernières élections municipales en France le mois dernier pour s’apercevoir que les partis populistes (en occurrence le
Front National) enfle et s’étire de plus en plus, telle une plaie béante qui n’a de cesse de s’épancher puisqu’on ne la soigne pas. Si seulement cette poussée nationaliste n’avait une telle importance qu’au sein de la France... Mais c’est bien toute l’Europe qui se tourne maladroitement vers le populisme, au risque de tout dévaster sur son passage : liberté, démocratie, unité. En France, Marine le Pen et ses compatriotes ont appelé leurs militants à se présenter aux urnes puisque « l’UMP et le PS , c’est la même chose », en omettant (volontairement?) que ces deux partis n’ont aucune conformité quant aux réformes fiscales et sociales. Les populistes danois se réunissent derrière Pia Kjaesgoard en clamant que toute cette insécurité grandissante, ce chômage endurant, ne sont dus principalement qu’à une immigration massive. Ils ne mentionnent pas, à ce moment-là, le fait que ces « immigrés » sont les seuls à accepter
les tâches dont personne ne veut, et que leur vouer une véritable haine nationale confinerait à se retourner vers le régime de Vichy. En Autriche, Jörg Haider a su réunir ses semblables aux cris de « A bas l’euro ! » dans l’inconscience que le retour à toute autre monnaie, ainsi que l’abandon de cette « cause de malheur » factice, ne provoqueront qu’une dévaluation maudite et une baisse importante de la valeur du
patrimoine national. Le Flamand Vlaoms Belang, quant à lui, n’obtient pas un succès moins florissant puisque, tous ses militants le savent : «On a tout essayé, et rien ne marche ». Tout, sauf les réformes sur les
collectivités territoriales. Tout, sauf la réforme sur les dépenses. Tout, sauf les réformes sur la TVA. Tout... Et en Italie, Pepe enflamme les salles, échauffe les esprits ; en lui se réveille le nouveau père du peuple de Rome qui défend une nouvelle politique aussi simple que radicale, aussi utopique que meurtrière. Car un rêve ne reste toujours qu’un rêve, s’il ne tourne pas directement au cauchemar.
Et pourquoi ce populisme est-il si présent aujourd’hui ? Comment a-t-il pu s’implanter de manière aussi virulente ? Il n’y a que la mauvaise herbe qui croit si rapidement, et le meilleur engrais reste la réaction d’inquiétude de la part de la société. Grâce à ces régimes qui continuent de se corrompre tour à tour,
comme s’ils n’entendaient pas gronder derrière eux la révolte du peuple. Grâce à l’affirmation de poussées racistes et xénophobes qui, en grandissant, lacèrent les entrailles des démocraties.
Et vous serez nombreux en France, en Europe, à les laisser triompher ce 25 mai. Sans remord, sans regret, vous répondrez à ce cri partisan de tous les populistes... : « Nostalgiques de la collaboration, rejoignez-nous ! Antisémites patents, soutenez nous ! Antimusulmans déclarés, mobilisez-vous ! Militants contre les différences, jaunes ou noires, ne nous décevez pas ! Contre l’Europe infâme, luttez, meurtrissez la en son coeur, puisqu’elle n’est que la cause de nos malheurs, et que son existence ne s’est résumé qu’à une succession de crimes ! »
Et en les écoutant, en écoutant leurs discours par trop maléfiques, Français désespérés, Autrichiens en colère, Italiens déçus, vous causerez au pays le tort d’avoir tourné le dos à toutes les vraies valeurs qui assurent sa grandeur. Alors réveillez-vous. Redressez la tête, soyez dignes. Epargnez nous, et épargnez nous cet enchantement qui nous conduit à notre perte. Et l’Europe vivra.