Et oui, encore une fois je me creuse la tête pour vous
trouver un article sur Noël (l’année dernière, vous avez eu droit à la liste
des cadeaux les plus pourris à offrir qui, j’espère, vous ont bien servis pour
vous débarrasser de votre grand oncle André !) Enfin, c’est bientôt les
vacances, et je suis trop fatiguée pour vous élaborer un article époustouflant
sur les origines et les conséquences sociales de Noël. Du coup, je viens vous
faire l’apologie du Père Noël, qui est en grande difficulté cette année…
Pourtant, sa
carrière avait plutôt bien commencé ! Bon, avouons qu’elle est basée sur
quelques légendes assez superficielles, mais qui le mettent en valeur. Non,
désolée, le père Noël n’est pas né au Pôle Nord, auquel cas il n’aurait eu
aucun intérêt de quitter son igloo pour atterrir dans notre incroyable société
industrielle. En vérité, le père Noël est issu d’une famille assez aisée
d’Amérique du Nord (à l’époque, les Californiens n’étaient pas aussi bronzés
qu’aujourd’hui…) Fils d’un PDG d’une immense production de pétrole, il avait
déjà bonne réputation tout au long de sa scolarité qu’il a exercé brillamment
(il a passé l’équivalent d’un bac ES spé maths qui lui sert aujourd’hui à gérer
tous les bénéfices de sa production !) D’ailleurs, il serait certainement
devenu un grand économiste dont les principes seraient en vigueur dans le monde
entier aujourd’hui, si une dispute assez virulente avec son père ne l’avait
contraint à aller s’exiler au Pôle Nord. Nous ignorons totalement les motifs de
cette dispute que le Père Noël tient à garder secrète (mais les nouveaux moyens
d’investigation de Closer pourraient
bientôt nous mettre sur la voie !) Cependant, en véritable combattant, le
père Noël qui portait encore en lui le rêve américain, décida de créer sa
propre société. Il réfléchit des jours et des nuits entières avant de trouver
l’idée miraculeuse : Rendre les enfants heureux ! (et son compte en
banque également, si possible). Emballé par ce choix ambitieux, il a tout de suite
mis toutes les chances de son côté, en commençant par contacter des sociétés
capables de lui venir en aide financièrement (rappelons que son ex était alors
la directrice de la société Coca-Cola). De nombreux individus du monde entier
et de tous les âges ont répondu à son appel et, au bout de quelques années
seulement, son entreprise était déjà une Grande Entreprise de plus de 300
salariés, au point qu’elle a du récemment étendre des filiales à Taïwan. Vous
connaissez la suite : aidé par un envol de la publicité, son essor a été
immédiat, autant dans le cœur des enfants que dans ceux des adultes, et même
des grands industriels qui, grâce à lui, peuvent vendre par milliers musiques
et œuvres cinématographiques à son effigie (mais il en reverse les bénéfices à la Croix Rouge car son emploi du
temps ne lui laisse pas l’occasion d’offrir des cadeaux aux Africains). De
plus, le père Noël est adulé par tous les partis politiques : Chez les
socialistes, il incarne les valeurs du partage et de la solidarité qui leur
sont chers ; les Verts apprécient son traîneau tiré par des rennes qui
développe un moyen de locomotion très écologique, tandis que la droite
reconnaît en lui le courage de travailler même les jours fériés et bien au-delà
de l’âge de la retraite (Macron partage d’ailleurs cet avis).
Mais voilà, cette
année, le conte de fée du Père Noël commence à battre de l’aile. Pour
commencer, le changement climatique de ces derniers temps a beaucoup influé
dans sa région du Pôle Nord, et il sera certainement bientôt contraint de
délocaliser. (Il a commencé à négocier avec l’Algérie qui, paraît-il, lui offre
une place assez intéressante). Cette année, il a également perdu de nombreux
salariés, tous enchantés par la ruée vers le gaz de schiste, apparemment plus
avantageux que la production de tablettes numériques et de poupées parlantes.
Evidemment, cela a provoqué une baisse de sa production, et donc de ses
bénéfices. Il n’est même pas sûr de pouvoir subvenir à tous les rêves de ses
principaux territoires de ventes. J’ai entendu dire qu’il avait d’ores et déjà
rayé la Russie
de sa liste. « De toute manière, aurait-il déclaré aux syndicats de son
entreprise, elle demande chaque année la même chose : plus de force
diplomatique, et la possession de l’Ukraine. Sans rire, ils y croient encore
ceux là ! » Son travail commence vraiment à le démoraliser. Essayez
de le comprendre ! Avant, les enfants demandaient des choses tout à fait
raisonnables : des oranges, des chevaux en bois, la paix dans le monde…
Voilà maintenant qu’il lui faut investir dans une multitude de projets
numériques qui, en plus de lui monter à la tête, lui sont bien plus onéreux
qu’auparavant. Et je ne vous parle pas des lettres des enseignants qui lui
demandent plus de reconnaissance du travail accompli et une nouvelle montée des
salaires. Enfin, il a fini par couper entièrement les ponts avec le Medef
(« Franchement ! s’est-il plaint à son conseiller en communication, si
Valls aime tant que ça les entreprises, il n’a qu’à les aider lui ! »)
Dernièrement, le Père Noël s’est inscrit à Pôle emploi, où
il attend avec espoir que lui soit libérée une place de roi mage (mais vu la polémique
actuelle sur les crèches, cette tâche s’avère plutôt compliquée…)
Tiens… Vous
connaissez la sonnerie de Blaise Pascal qui vous somme d’aller en cours ?
Quelques mots encore : ayez pitié de ce pauvre vieux Papa Noël qui vous a
tellement gâté auparavant. Soyez gentil avec lui : cette année, ne lui en
demandez pas trop, et au lieu de mettre sous le sapin une assiette de gâteaux
très mauvais pour sa prostate, glissez lui un chèque quelconque… Sur ce,
joyeux Noël !