jeudi 5 juin 2014

L'Euroscepticisme, mère du populisme

C’est une vague massive et déferlante qui se réveille soudainement dans toute l’Europe. Elle gronde
depuis quelques temps déjà, dangereuse et acérée, et l’on entend déjà les remous de son éveil qu’elle
prépare. Bientôt, elle s’élèvera. Elle se redressera d’un triomphe impétueux avant de se propulser sur
le continent, de l’engloutir entièrement. Car il y a trop longtemps qu’elle est affamée de pouvoir. Elle
attend...

Cette vague a pour nom « populisme ». Et ce nom résonne déjà surtout le continent depuis des mois et des mois, tandis que l’approchedes Européennes lui donne une nouvelle intensité, une sorte de menace
angoissante qui nous encercle, nous étouffe. Car depuis les dernièresEuropéennes, les temps ont changé. Et le taux des populistes n’en est que plus élevé. Leurs idéaux se sont développés pour rassembler de
tous les pays ceux qui se laissent le plus facilement séduire. Et il n’y a qu’à se souvenir des dernières élections municipales en France le mois dernier pour s’apercevoir que les partis populistes (en occurrence le
Front National) enfle et s’étire de plus en plus, telle une plaie béante qui n’a de cesse de s’épancher puisqu’on ne la soigne pas. Si seulement cette poussée nationaliste n’avait une telle importance qu’au sein de la France... Mais c’est bien toute l’Europe qui se tourne maladroitement vers le populisme, au risque de tout dévaster sur son passage : liberté, démocratie, unité. En France, Marine le Pen et ses compatriotes ont appelé leurs militants à se présenter aux urnes puisque « l’UMP et le PS , c’est la même chose », en omettant (volontairement?) que ces deux partis n’ont aucune conformité quant aux réformes fiscales et sociales. Les populistes danois se réunissent derrière Pia Kjaesgoard en clamant que toute cette insécurité grandissante, ce chômage endurant, ne sont dus principalement qu’à une immigration massive. Ils ne mentionnent pas, à ce moment-là, le fait que ces « immigrés » sont les seuls à accepter
les tâches dont personne ne veut, et que leur vouer une véritable haine nationale confinerait à se retourner vers le régime de Vichy. En Autriche, Jörg Haider a su réunir ses semblables aux cris de « A bas l’euro ! » dans l’inconscience que le retour à toute autre monnaie, ainsi que l’abandon de cette « cause de malheur » factice, ne provoqueront qu’une dévaluation maudite et une baisse importante de la valeur du
patrimoine national. Le Flamand Vlaoms Belang, quant à lui, n’obtient pas un succès moins florissant puisque, tous ses militants le savent : «On a tout essayé, et rien ne marche ». Tout, sauf les réformes sur les
collectivités territoriales. Tout, sauf la réforme sur les dépenses. Tout, sauf les réformes sur la TVA. Tout... Et en Italie, Pepe enflamme les salles, échauffe les esprits ; en lui se réveille le nouveau père du peuple de Rome qui défend une nouvelle politique aussi simple que radicale, aussi utopique que meurtrière. Car un rêve ne reste toujours qu’un rêve, s’il ne tourne pas directement au cauchemar.
Et pourquoi ce populisme est-il si présent aujourd’hui ? Comment a-t-il pu s’implanter de manière aussi virulente ? Il n’y a que la mauvaise herbe qui croit si rapidement, et le meilleur engrais reste la réaction d’inquiétude de la part de la société. Grâce à ces régimes qui continuent de se corrompre tour à tour,
comme s’ils n’entendaient pas gronder derrière eux la révolte du peuple. Grâce à l’affirmation de poussées racistes et xénophobes qui, en grandissant, lacèrent les entrailles des démocraties.
Et vous serez nombreux en France, en Europe, à les laisser triompher ce 25 mai. Sans remord, sans regret, vous répondrez à ce cri partisan de tous les populistes... : « Nostalgiques de la collaboration, rejoignez-nous ! Antisémites patents, soutenez nous ! Antimusulmans déclarés, mobilisez-vous ! Militants contre les différences, jaunes ou noires, ne nous décevez pas ! Contre l’Europe infâme, luttez, meurtrissez la en son coeur, puisqu’elle n’est que la cause de nos malheurs, et que son existence ne s’est résumé qu’à une succession de crimes ! »
Et en les écoutant, en écoutant leurs discours par trop maléfiques, Français désespérés, Autrichiens en colère, Italiens déçus, vous causerez au pays le tort d’avoir tourné le dos à toutes les vraies valeurs qui assurent sa grandeur. Alors réveillez-vous. Redressez la tête, soyez dignes. Epargnez nous, et épargnez nous cet enchantement qui nous conduit à notre perte. Et l’Europe vivra.

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